C'était un grisonnant matin de printemps. L'air était chargé d'humidité et les nuages d'un sombre gris bleu qui s'amoncelaient à l'horizon n'annonçaient rien de bon. D'ici quelques minutes, quelques secondes peut être, allait s'abattre sur nous le torrent d'une averse.
«Quel temps! Un temps à ne pas mettre un chat dehors! »murmurai-je, lorsque, comme répondant à l'éclair, dont la lumière jaune venais de trancher le gris sombre des nuages, au son du roulement de tambour du tonnerre, des trombes d'eau vinrent s'abattre sur la foret, et par la même occasion sur moi.
Je traversai la forêt en maugréant. Si j'étais en ce jour d'une humeur aussi, voire plus noire que le ciel, et si dans ma tête grondait un orage qui n'avait rien à envier à celui d'au-dehors, ce n'était pas uniquement de par la faute de cette pluie diluvienne qui gorgeait d'eau mon pelage. Les nouvelles que je venais de voir dans les ombres avaient de quoi causer bien de l'inquiétude et du tourment au le plus insouciant des optimistes, et je n'étais par nature, pas particulièrement optimiste, et encore moins insouciante.
Je traversai le camps, saluant à peine les membres de la patrouille de chasse qui rentraient, détrempés, déposer sur le tas de gibier leurs prises, tout autant mouillés qu'eux, et me dirigeai vers la tanière du chef. J'avais deux mots à dire à une certaine Etoile Ténébreuse...
La tanière était vide! Agacée je m'ébrouais, comme un chien qui sort de l'eau, éclaboussant de toutes la pluie que portait mon pelage, le sol, les parois et même le plafond de la tanière de la meneuse. J'entendis soudain une présence juste derrière moi. Tout à ma colère, je n'avais pas entendu que quelqu'un arrivait. Je sortis mes griffes, prête à me défendre si l'on m'attaquait, mais une petite voix dans ma tête, de murmura que je m'inquiétais pour rien. Il était presque impossible qu'un ennemi se soit introduit si loin à l'intérieur de notre territoire sans être repéré par les patrouilles de surveillance frontalière dont le nombre avait été accrut depuis que l'alliance entre le clan Tropical et celui de l'Ouragan laissait planer au dessus de nous la menace d'une guerre. A l'intérieur même du clan, dans la tanière du chef qui plus est ! Non, l'explication la plus plausible était la plus simple. La présence derrière moi n'était autre qu'Etoile Ténébreuse.
«Etoile Ténébreuse, c'est toi? »